Alfred ADLER
(1870-1937)
Né à Vienne, Adler commence sa
carrière en 1895 en tant que Docteur en médecine. Il suit d'abord les traces de
Freud et passe de l'ophtalmologie à la psychothérapie puis, ne pouvant admettre
la théorie freudienne de l'origine sexuelle des névroses, il se sépare du
maître en 1910. Il instaure alors son propre système, qu'il nomme Individual
Psychology pour exprimer l'indivisibilité du corps et de l'esprit et fonde la
Société de psychologie individuelle.
Il applique ses principes à l'éducation
et développe sa théorie où il définit le " complexe d'infériorité "
et met de l'avant l'importance du sentiment social comme facteur de base de la
vie psychique.
De nombreux disciples se
groupent peu à peu autour de lui, si bien qu'il est agrégé à l'Institut de
pédagogie de Vienne en 1924, avant de devenir titulaire d'une chaire en
psychologie médicale à la Columbia University de New York en 1927 et au Long
Island Medical College de New York en 1932. Entre-temps, son école connaît une
extension croissante dans les pays de langue allemande, anglaise et française
et influence ainsi les courants de la pensée contemporaine par sa contribution
à la psychopédagogie, et à la compréhension et au traitement des névroses. Il
fonde le " Journal de Psychologie individuelle " en 1935, soit deux
ans avant de mourir subitement en à Aberdeen, à l'âge de 67 ans.
Aujourd'hui, Adler est sans
conteste considéré comme un des pères de la psychologie moderne, pour être
notamment à l'origine du mouvement psychanalytique américain qui fait grand
usage du complexe d'infériorité, dans la mesure où une origine sociale est
assignée à la névrose.
Ouvrages essentiels:
Le tempérament nerveux, 1912 (Payot, 1948);
Connaissance de l'homme, 1927 (Payot, 1949);
Le sens de la vie, 1933 (Payot, 1950).
- "La compensation
psychique de l’état d’infériorité des organes", suivi de "Le
problème de l’homosexualité" - Payot - 1958 - Préface et
traduction du Dr SCHAFFER - (Etude du processus de compensation et de la
corrélation entre individu, famille, société, corps et âme), (épuisé).
- "Le tempérament
nerveux" - Payot - Paris - 1948 - Traduction du Dr ROUSSEL
(Psychologie individuelle comparée et applications à la psychothérapie).
- "Le sens de la
vie" - Payot - 1950 - préface du Pr LAIGNEL-LAVASTINE -
Introduction et traduction du Dr. SCHAFFER. (Etude de psychologie individuelle.
L’ouvrage est en quelque sorte le testament des idées philosophiques,
psychologiques et psychothérapiques de l’auteur).
- "Connaissance de
l’homme" - Payot -Paris - préface du Pr. L. E. HINSTE. Traduction
J. MARTY. (Etude de caractérologie individuelle).
- "Psychologie de
l’enfant difficile" - Payot - Paris - 1952 - préface et traduction
du Dr H. SCHAFFER. (Technique de la Psychologie individuelle comparée.
Interprétation de différents cas de structure spécifique).
- "Pratique et
théorie de la psychologie individuelle comparée" - Payot - Paris -
1961 - Préface et traduction du Dr H. SCHAFFER. (Introduction à la
Psychothérapie, aspects Adlériens des syndromes névrotiques et psychotiques,
psychopédagogie adlérienne), (épuisé).
- "Les névroses :
commentaires, observations, présentations de cas" - Aubier - Paris
-1969 - introduction du Pr SIVADON. Traduction O. CHABAS (Recueil de cas
étudiés dans leur aspect individuel et leur contexte social).
- "Ecole et
psychologie individuelle comparée" - Payot - Paris - Avant-propos
et traduction du Dr H. SCHAFFER. Ce livre se propose de familiariser les
enseignants avec les données de la psychologie individuelle et comparée afin de
les aider à comprendre, voire à "guérir" les enfants caractériels
qu’ils peuvent rencontrer dans leur classe. La démarche psychopédagogique
adlérienne intéressera tous ceux qui s’occupent d’éducation.
- "L’éducation des
enfants" - Payot - Paris - 1977 - Préface du Dr H. SCHAFFER -
Traduit de l’Anglais par D. de Lannoy. (Quelques critères du développement de
l’enfant, suivis d’analyses pédagogiques : autorité, éducation sexuelle,
autonomie, encouragement, etc...).
- "Le journal de
Claire MACHT" - Belfond - Paris - 1981 (Recueil de huit
conférences où ADLER a montré, à partir du journal intime d’une jeune fille
comment le psychologue adlérien met à jour le style de vie de la personne dans
son unité).
- "La pulsion
d’agression dans la vie et dans la névrose" - Bulletin de la
Société Française de Psychologie Adlérienne N°42 - 1982 - Traduction du Dr
GUILLET - Revue Française de Psychanalyse - 1974, 38 : 417-426,
Traduction du Pr Colette CHILAND, (L’agressivité peut dans un sens positif
animer certaines activités : chasseur, boucher, chirurgien, enseignant..., ou
dans un sens anti-social guider les conduites du délinquant ou du criminel).
- "Religion et
psychologie individuelle comparée", suivi de "La
névrose obsessionnelle et les enfants difficiles" - Payot - Paris
- 1958 - Préface et traduction du Dr SCHAFFER. (Loin d’être une "illusion
névrotique", la notion de Dieu représente l’expression du but idéal le
plus élevé proposé à la perfection humaine, la donnée sociale dans la
perspective du scientifique et du croyant), (épuisé).
Sur Alfred ADLER :
Madeleine GANZ : - "La psychologie d’Alfred ADLER
et le développement de l’enfant" - Delachaux et Niestlé - 1935 -
(épuisé).
Clifford ALLEN : - "Les découvertes modernes de la
psychiatrie" -
Introduction du Dr H. SCHAFFER - Payot -Paris - 1951 - (épuisé).
Oscar SPIEL : - "La doctrine d'Alfred ADLER
dans ses applications à l'éducation scolaire" - Payot - Paris - 1954 -
(épuisé).
FARAU et H. SCHAFFER : - "La psychologie des profondeurs
des origines à nos jours " Payot - Paris - 1960 -(épuisé).
H. ORGLER : - "Alfred ADLER et son
oeuvre" - Stock - 1968 - Introduction du Pr J. LHERMITTE - Traduction
M. DREYFUS - (épuisé). - "Ce qu’ADLER a vraiment dit" -
Marabout Université - 1974 - (épuisé).
Rudolf DREIKURS : - "Le défi de l’enfant"
- Collection Réponses - Laffont - 1972.- "La psychologie adlérienne"
- Bloud & Gay - Paris - 1971.
Manès SPERBER : - "Alfred ADLER et la psychologie
individuelle" - Collection idées - Gallimard -1972.
Lewis WAY : - "Comprendre Alfred ADLER" -
Collection Pensées - Privat - Toulouse - Traduction O. CHABAS - 1972 -
(épuisé).
François COMPAN : - "Analyse de l'interaction des
styles de vie" - Mémoire pour le certificat d'études spéciales de
psychiatrie - Paris VII - 1974.
H. SCHAFFER : - "Les dix grands de l'inconscient"
- CEPL - Alfred Adler - 1973 "Dictionnaire de l’inconscient" -
CEPL -"Vie et oeuvre d’ADLER" et partie adlérienne - 1976. "La
psychologie d’ADLER" Collection Médecine et Psychothérapie - Masson -
1976
André VIREL : - "Vocabulaire des
psychothérapies" - Fayard - 1977.
Société Française de
Psychologie Adlérienne : -
"Herbert SCHAFFER, disciple et continuateur d'Alfred ADLER" -
Société Française de Psychologie Adlérienne - 1981.
Donald CLARK et Asya KADIS
: - "Vers une
pédagogie de l’homme : l’école communauté humaine" Traduit de
l’américain par Madeleine DREYFUS - Magnard - 1987.
Bernard PAULMIER : - "Oskar SPIEL (1892-1961). Son apport psychopédagogique lors de la
réforme scolaire de la "Vienne rouge". (1918-1934) - Thèse de doctorat - Paris
V - 1991.
Régis VIGUIER - "La spécificité de la pensée
d'ADLER" -Doctorat de psychologie - Paris VII - 1987.- "Au
seuil de la psychologie des profondeurs, Etude comparative de JANET et
d'ADLER" doctorat ès Lettres,Sorbonne. Ecole pratique des Hautes
Etudes - 1993.
Georges MORMIN et Régis
VIGUIER : - "ADLER
et l’adlérisme" - PUF - Collection "Que-sais-je" - Décembre
1990 - N°2558. - "La théorie analytique adlérienne" - Masson -
1993
Martine DE BONY : - "La psychologie sociopersonnelle
d'Alfred ADLER" - Société Paquereau éditeur - Angers -1993.
(Anthologie).
Lionel NADAUD : - "Actualité de la pensée d'Alfred
ADLER" - Thèse de doctorat - Paris V -Juin 1990. - "Alfred
ADLER : des sources au rejaillissement actuel de la Psychologie Individuelle"
Editions Erès - Toulouse - 1994.
Bulletin spécial N°1 : - Alfred Adler : "Livre de
santé pour le métier de tailleur", traduction : Madame Moulier - "Contribution
critique à la théorie sexuelle freudienne de la vie psychique",
traduction P.Ermery- "Le mariage, une tâche pour 2 personnes",
traduction : L.Nadaud.
Bulletin spécial N°2 : - Alfred Adler : "L'éducation
des parents"; "Le médecin comme éducateur; "La psychologie des
masses" -Kurt A.Adler : "Les influences socialistes dans la
Psychologie adlérienne"; Interview de K.A. Adler pour ses 90 ans par
Christine Kaiser, traduction: équipe SFPA.
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http://www.psy-adler.net/bases.html
Formation
de la personnalité :
La situation du
nourrisson et de l’enfant | Sentiment d’infériorité, compensation, sentiment de
communauté | Interactions Sentiment d’infériorité-Sens de la communauté;
Protestation virile |Schéma synoptique de la formation de la personnalité
Psychopédagogie
adlérienne | Psychothérapie adlérienne des névroses | Autres lectures
possibles d’Alfred Adler
La situation du nourrisson et de l’enfant, l’adaptation
A sa naissance le nourrisson est dans un état d’infériorité très
important : il ne peut ni se déplacer, ni s’habiller, ni se nourrir seul : Il
est tout petit devant ces géants tout puissants que sont ses parents et les
adultes...
Il a à sa disposition son hérédité organique qui est unique, avec
ses qualités et ses défauts, voire ses handicaps. Son développement organique
est programmé génétiquement tout en pouvant, dans une certaine mesure, être
modifié par l’environnement (troubles de la grossesse, nanisme de
frustration...). Il est dans une situation qui lui est propre, celle-ci peut
lui être favorable mais aussi être source de diverses conditions
infériorisantes : position sociale ou (et) économique défavorisées, minorités
ethniques, religieuses... enfant délaissé, enfant gâté, enfant gâté
matériellement et délaissé affectivement... dans notre société machiste le fils
est très souvent préféré à sa soeur qui peut se sentir inférieure...etc...
L’élan vital, la force dynamique de vie, va pousser l’enfant, avec
ses aptitudes et ses défauts héréditaires, à s’adapter à son environnement en
fonction de la vision qu’il se fait de lui-même et du monde, de son aperception
tendancieuse. Il la ressent même s’il est incapable de la verbaliser. Pour
cela, grâce à son pouvoir créateur, il va "auto-programmer" (l’expression
est du Dr. Herbert Schaffer) son comportement, bâtir son style de vie, son plan
de vie, avec son but final d’adaptation, de perfection, de sécurité... Ce
dernier peut souvent se résumer par des formules assez simples: être le
premier, être le dernier, passer inaperçu, se faire servir, se faire
remarquer...
Le "programme" est établi vers la fin de la petite
enfance. Le style de vie au service du but final spécifique sera alors suivi de
façon incomprise, inconsciente, même s’il a des conséquences préjudiciables au
sujet; sauf intervention d’une action psychopédagogique ou d’une
psychothérapie. Le devenir de l’individu va dépendre de cette
"programmatio" dont il est l’auteur.
Ainsi, alors que les sciences physiques se placent dans un système
strictement causal déterministe, A. Adler montre qu’en psychologie c’est le but
poursuivi qui est la cause du comportement, ce dernier est régi par une
finalité causale.
A. Adler appuie également sa Psychologie Individuelle et Comparée
sur la "Philosophie du comme si" de Vaihinger. En fonction de sa
vision du monde, de son aperception tendancieuse, l’être humain sain se sert de
fictions, d’hypothèses pour prévoir son avenir, bâtir, réaliser ses projets,
s’adapter aux circonstances, à son environnement, le névrosé et surtout le psychotique
oublient la réalité pour "vivre" leurs fictions.
L’idéal pour surmonter toutes les difficultés, pour que tous les
besoins soient satisfaits serait d’être comme un Dieu, d’être supérieur à tous,
de dominer ; mais cette fiction directrice ce but de supériorité, qui s’exprime
en volonté de puissance n’est pas réalisable, ne peut s’exprimer ouvertement
sans risquer de rompre les relations avec les autres ou de les rendre
difficiles. Elle doit se dissimuler voire se modifier de façon à rester acceptable
et pour cela respecter les autres, voire s’unir avec eux pour surmonter les
difficultés, c’est la contre-fiction, expression partielle du sentiment de
communauté. La santé mentale est caractérisée par un bilan positif entre ces
deux fictions en faveur de la contre-fiction, du sens utile de la vie.
Ainsi, pour Alfred Adler, les traits de caractère ne sont pas
innés mais acquis. L’enfant ne naît ni bon , ni mauvais, il devient ce qu’il se
fait, il peut en grande partie être éduqué pour choisir l’une de ces deux
voies... C’est certainement une des plus grande découvertes du siècle car elle
ouvre des perspectives optimistes pour le devenir de l’humanité.
La Psychologie Individuelle et Comparée est un humanisme, elle se
place dans une perspective évolutionniste. Si l’hominisation qui a mené aux
êtres humains a été essentiellement biologique, l’humanisation qui est
"récente" (quelques millions d’années) puisqu’elle a débuté avec lui,
est culturelle. Chaque génération peut faire faire un pas, aussi minime soit-il,
dans le sens d’une évolution utile, celui de la vie... ou dans celui de
l’involution, celui de la catastrophe...
Sentiment d’infériorité, compensation, sentiment de communauté
La formation de la personnalité s’appuie sur les trois piliers que
sont : le sentiment d’infériorité, la compensation et le sentiment de
communauté auxquels il faut ajouter le pouvoir créateur.
Le sentiment d’infériorité - L’état d’infériorité, réel ou
imaginaire est ressenti dans le psychisme et donne naissance à un sentiment
d’infériorité. Ce sentiment n’est pas pathologique. Chacun de nous a pu en
prendre conscience devant une tâche à remplir, une démarche délicate à
effectuer, un examen, un besoin à satisfaire. Il constitue l’aiguillon qui nous
pousse à avancer...
La compensation - Le physiologiste Claude Bernard (1813-1878) avait
montré comment l’organisme peut compenser une infériorité organique, c’est la
fonction vicariante : par exemple après l’ablation d’un rein le second se
développe et fait le travail des deux.
En 1907 dans "La compensation psychique de l’infériorité des
organes" Alfred Adler étend cette notion au psychisme : face à une
infériorité organique le sujet peut focaliser son attention sur le problème et
sur la façon de le surmonter. Dans certains cas des résultats extraordinaires
sont observés, Démosthène est bègue, Degas devient aveugle jeune, Mozart a un
pavillon d’oreille atrophié, Jigoro Kano le fondateur du judo est petit et
malingre...Il s’agit alors de surcompensation réussie.
A partir de 1911, A. Adler étend le processus de compensation à
tous les états d’infériorité quelle que soit leur nature.
Dès les premiers moments le nourrisson va chercher à compenser son
infériorité :
- Par ses colères , il attire l’attention de l’entourage et le
soumet ainsi à ses caprices
- Par ses pleurs, il l’apitoie, et le met à son service
- Par ses sourires, ses mimiques, ses mouvements de pédalage, il
manifeste, déjà, sa collaboration , répond à l’affection des siens, les
remercie de ce qu’ils font pour lui.
Le sentiment de communauté, il est appelé aussi sens de la
communauté, sens social, sentiment social. C’est une faculté biologiquement
enracinée dans la psyché mais à l’état potentiel, embryonnaire : comme le
langage, elle devra pour se former, s’épanouir, être éveillée, intensifiée,
développée par les échanges avec les autres.
C’est le besoin de se lier aux autres, de s’identifier
(l’empathie); c’est la capacité de reconnaître l’autre et d’apprécier sa
reconnaissance, de le traiter en sujet, non en objet.
Le sentiment de communauté constitue une synthèse
égoïsme-altruisme car ce que le sujet fait pour lui il le fait aussi pour la
communauté puisqu’il en fait partie, ce qu’il fait pour la communauté il le
fait aussi pour lui puisqu’il lui appartient.
Dans la perspective évolutionniste, humaniste, et scientifique qui
est celle d’A. Adler le concept de sentiment de communauté donne le sens de la
vie et peut être considéré comme la 5ème dimension dans le système de relation
être humain-cosmos.
Interactions Sentiment d’infériorité-Sens de la communauté
Protestation virile
Pour A. Adler, le développement du sentiment de communauté
conditionne le niveau du sentiment d’infériorité :
- Le développement normal du sentiment de communauté encourage le
sujet à aller de l’avant et diminue son sentiment d’infériorité; il facilite
ainsi l’épanouissement de ses diverses qualités : intelligence, mémoire, goût
de l’effort, courage...
Cette compensation réussie permet, notamment à l’adolescence, de
trouver une solution convenable aux trois tâches que la vie impose à tout être
humain : la profession, la sexualité, l’amitié et les relations sociales.
L’agressivité qui nous vient de notre vieux cerveau (archéopsyché)
est d’autant moins forte que le sentiment de communauté est élevé, en
s’associant à ce dernier (issu de notre nouveau cerveau, néocortex) elle donne
l’élan, le tonus pour aller dans le sens utile de la vie. La personne cherche
alors à s’imposer par ses compétences. Elle s’attaque à des problèmes ; par
exemple, plutôt que de de devenir criminel ou candidat au suicide, le
chirurgien, le boucher savent mettre une forte agressivité initiale au service
de leurs semblables, les enseignants combattent l’ignorance...L’affirmation de
soi par les talents remplace la volonté de puissance. (A. Adler, 1908, La
pulsion d’agression dans la vie et dans la névrose)
Dans certains cas exceptionnels la surcompensation du sentiment
d’infériorité par le sentiment de communauté aboutit au génie.
- Par contre le blocage du développement du sentiment de
communauté augmente le sentiment d’infériorité qui peut se transformer en
complexe d’infériorité ou en complexe de supériorité :
Complexe d’infériorité. Par manque d’un développement suffisant du
sentiment de communauté le sujet peut se sentir isolé, perdre sa confiance en
lui-même, devenir le siège d’hésitations, de doutes, de craintes faisant
apparaître des menaces, des dangers là où il n’y en a pas, d’angoisses rendant
tous projets irréalisables... Ce sont des symptômes du complexe d’infériorité.
Ainsi, les manifestations névrotiques de ce complexe vont des formes graves,
suicide, drogue, où l’agressivité se retourne contre la personne... à des
formes plus bénignes, migraines, impuissance, fatigues, ou psychosomatiques,
maux de dos, éruptions cutanées... Elles apparaissent toujours face à la
confrontation du sujet à l’une ou à plusieurs des trois difficultés essentielles
de la vie.
Dans notre civilisation où l’homme affirme indûment sa supériorité
sur la femme, celle-ci peut reculer devant certaines tâches qui lui sont
attribuées par une soumission inappropriée cachant sa révolte par un refus de
ce rôle, frigidité, vaginisme...C’est une des expressions de ce qu’A. Adler
appelle la protestation virile.
Complexe de supériorité. Il masque un complexe d’infériorité
sous-jacent. Il se révèle (A. Adler, 1933, Sens de la vie) par des prétentions
exagérées, des vantardises, des fanfaronnades, le mépris des autres, le besoin
de fréquenter des personnes haut placées, de commander des faibles... Par
manque de sentiment de communauté le sujet cherche la compensation de son
sentiment d’infériorité en développant son agressivité pour dominer les autres,
il s’attaque à des personnes. La volonté de puissance peut le conduire à la
délinquance, à la criminalité ; la forme la plus grave se trouve dans la
paranoïa, le sujet se croit persécuté, plein de bonnes intentions mais on méconnaît
sa valeur.
Dans cette voie, certaines femmes peuvent adopter une attitude
masculine, celle de la contestation systématique, de l’affrontement avec
l’autre sexe, pour remédier à l’infériorisation qui leur est faite.
Ce type de protestation virile se trouve aussi chez l’homme :
certains doutent de leur "virilité" qu’ils assimilent à tort à une
supériorité de tous les instants sur tous et d’abord sur la femme; ils
accentuent leur agressivité, leur grossièreté, leur brutalité, leur besoin de
s’imposer par la force. Notre époque les désigne par les termes de
"machos", de "phallocrates".
Pour A. Adler la vie amoureuse est une tâche pour deux personnes ,
agréable à assumer si chaque partenaire est prêt à assumer le bonheur de
l’autre. Mais la croyance dans l’infériorité féminine, la recherche de la
domination de l’autre, la crainte de l’abandon au partenaire, conduisent
souvent à des troubles psychiques, psycho-somatiques, de la sexualité, et
parfois à l’échec complet du couple.
Les interactions, décrites brièvement ci-dessus, entre sentiment
d’infériorité et sentiment de communauté débouchent sur des techniques
concrètes de psychopédagogie pour prévenir et former et de psychothérapie pour
"guérir".
Schéma synoptique de la
Formation de la personnalité
résumé par Lionel Nadaud
Le schéma ci-dessus, trop rationnel, ne constitue qu'un support
pour montrer les interactions entre les différents facteurs et les processus en
jeu et, par la suite, la complexité mais aussi la cohérence de la Psychologie
Individuelle et Comparée.Toute interprétation moralisante serait un contre-sens
risquant de mener au totalitarisme ; En effet, le manque de développement du
sentiment social reste inconscient et doit toujours être considéré comme une erreur
et non comme une faute. Des approfondissements par des lectures
complémentaires, cliniques, fantasmatiques, affectivo-émotionnelle,
systémique... sont indispensables pour cerner l'essentiel de la théorie et de
la pratique de la Psychologie Adlérienne.
Psychopédagogie adlérienne
Pour Alfred Adler une éducation bien conduite doit développer chez
l’enfant le sens de la communauté afin de lui permettre d’épanouir ses facultés
et de prendre suffisamment confiance en soi pour surmonter, seul, ses
difficultés.
Pour cela, Adler attribue 2 rôles à la mère :
1°) Avoir des échanges chaleureux avec le bébé dans la relation
duelle, par exemple lors de la tétée ou de la prise du biberon, qui constitue
la première activité coopérative, lors des soins journaliers... Les effets
catastrophiques de la carence de ces premiers rapports ont été redécouverts et
admis, en cette fin de siècle, par la plupart des courants psychologiques.
2°) Amener l’enfant à établir des relations amicales avec le père,
les autres membres de la fratrie, de la famille, l’inciter à se faire des amis.
Ce 2ème rôle n’est pas encore compris : s’il est admis par tous que le devenir
des enfants maltraités, délaissés ou handicapés est compromis et que leur
éducation mérite une attention particulière, il n’en est pas de même pour les
enfants gâtés. Le "tout laisser faire" est encore prôné, il va à
l’encontre d’une prévention efficace
(http://www.imaginet.fr/carnet-psy/forums.html). En effet l’enfant gâté n’a pas
l’occasion de développer son sentiment de communauté, son aptitude à la
coopération et à l’amitié. Il n’est pas préparé à sortir du cercle familial où
tout lui est dû. A l’adolescence face aux problèmes qui s’imposent à lui, il
risque de se "réfugier" dans la névrose, la maladie mentale, la
délinquance ou la drogue.
Comme la mère, le père, doit établir avec l’enfant des relations
interpersonnelles conviviales et fécondes, se rendre disponible, porter son
attention sur les succès sans insister outre mesure sur les échecs, donner
l’exemple de la collaboration, abandonner la position ancestrale du "pater
familias" tout-puissant, qui ne peut conduire qu’à une opposition, franche
ou cachée, favorisant le développement de la volonté de puissance, de la
vanité, au détriment de celui du sens de la communauté.
Contrairement à l’opinion commune, les enfants d’une même fratrie
ne peuvent recevoir la même éducation car leur position leur est propre. L’aîné
est fils unique jusqu’à l’arrivée du cadet, il peut se sentir
"détrôné" à l’arrivée de ce dernier, le cadet est "coincé"
entre l’aîné et le benjamin. Le benjamin est plus faible que ses aînés. Il est
souvent plus gâté. Les garçons sont encore le plus souvent préférés aux filles.
Des alliances, réelles ou ressenties comme telles, peuvent se nouer. Elles sont
néfastes pour une ambiance familiale amicale et optimiste où chacun peut se
sentir à l’aise et en sécurité.
Les principes d’une éducation qui permettrait une prévention
efficace peuvent être facilement formulés : ce sont, en résumé, la fermeté et
la bienveillance, s’appuyant sur l’encouragement. L’éducation familiale
accentue trop souvent la compétition, le besoin de posséder le pouvoir non par
l’effort et les compétences, mais par la force ou des moyens détournés, comme
si la domination était un dû.
Dès 1904 avec "Le médecin comme éducateur", Adler
s’attaque au problème de l’éducation, crucial pour le devenir de l’individu et
de l’humanité. Entre 1910 et 1914 il publie une série d’articles sur le sujet;
en 1912, c’est "L’éducation des parents". Devant la difficulté de
toucher ces derniers, et, compte tenu du fait que ce sont ceux qui ont le plus
besoin d’aide qui n’en demandent pas, Adler affirme que l’école, qui concerne
tous les enfants, peut apporter les corrections nécessaires. Il crée des
consultations où parents et instituteurs peuvent présenter des sujets
caractériels et s’initier à leur traitement. Il aborde le thème de l’éducation
dans "Pratique et théorie de la psychologie individuelle et
comparée,1918", "Connaissance de l’Homme,1927", "Le sens de
la vie,1933", et consacre des ouvrages entiers à l’éducation scolaire,
"L’enfant difficile,1929", "Ecole et Psychologie
Individuelle,1929", "L’éducation des enfants,1930".
Le psychopédagogue, Oskar Spiel (1892-1961), fondera toute une
technique psychopédagogique sur les bases de la psychologie adlérienne. Il fait
de l’école, une communauté de travail, une collectivité où se pratique la
discussion libre dans une sorte de psychopédagogie de groupe, une collectivité
vécue, une collectivité d’administration, une collectivité explicative où le
groupe "sain" de la classe aide le maître à corriger les erreurs de
comportement, une communauté d’entraide. Il illustre son travail par des
exemples détaillés de "traitements d’enfants difficiles". Son oeuvre
a eu un énorme succès tant à Vienne qu’à l’étranger et a été reprise et
développée en France par Bernard Paulmier.
De Montaigne à Freinet les méthodes actives sont très proches de
la psychopédagogie adlérienne, il leur manque la prise en compte du style de
vie inconscient qui dirige la conduite de l’enfant. C’est pour cela que le
Docteur Herbert Schaffer souhaitait (1968) que les instituteurs soient formés
pour être des agents d’instruction certes, des agents d’éducation également,
mais aussi des agents de prophylaxie mentale grâce à leur connaissance des
découvertes de la psychologie des profondeurs, notamment de la psychologie
individuelle et de ses techniques. Grâce à sa formation psychopédagogique
l’instituteur peut alors accomplir un véritable travail de prévention, venir en
aide aux enfants en détresse psychique, à ceux qui ont des difficultés à
s’adapter aux exigences de la communauté scolaire. Les cas les plus complexes
étant confiés au psychologue, au médecin, au psychothérapeute.
Psychothérapie adlérienne des névroses
Les principales névroses sont : la névrose d’angoisse où le
complexe d’infériorité, l’insécurité, s’expriment dans une anxiété injustifiée
; l’hystérie caractérisée par "une atteinte des fonctions de
relation", paralysie, cécité, surdité, hystériques, syncopes, mutisme sans
atteinte organique et sans simulation ; la névrose obsessionnelle, trouble de
la pensée, des idées insolites s’imposent au sujet de façon irrésistible, des
phobies également, elles peuvent être accompagnées d’impulsions; la névrose
dépressive (DSM IV,(Diagnostic and Statistical Manual of mental disorders,
appelé jadis neurasthénie) "trouble chronique de l’humeur impliquant soit
une humeur dépressive soit une perte d’intérêt ou de plaisir pour toutes ou
presque toutes les activités et passe-temps habituels..."
Dans "Pratique et théorie de la Psychologie Individuelle
comparée" A. Adler distingue 12 caractéristiques particulières à la
névrose, cette maladie mentale fréquente qui a des répercussions sociales
graves. Les troubles névrotiques se manifestent (Le sens de la vie) par de
l’irritabilité, de la méfiance de la timidité et surtout une hypersensibilité,
expression du complexe d’infériorité, l’impatience étant le trait de caractère
majeur.
Pour Adler, l’éclosion de la névrose ne se produit jamais dans des
circonstances favorables mais face à un problème social, le facteur déclenchant
correspond à l’un au moins des trois problème de la vie, profession, relations
amicales, sexualité. Là ou un sujet bien préparé socialement subit un
ébranlement psychique mais trouve un chemin utile d’adaptation ou
d’acceptation, celui dont le sentiment de communauté n’est pas à la hauteur bat
en retraite, c’est le problème de la distance, le célèbre "oui...
mais", par exemple : "oui, je voudrais bien aller travailler, mais
j’ai des syncopes quand je voyage". Ainsi, de façon presque artistique, le
sujet interpose, inconsciemment, entre le problème extérieur devant lequel,
sans s’en rendre compte, il recule, cette création qui est sa névrose. C’est
une manifestation psychopathologique sans substrat organique. La cause du
trouble névrotique ne réside pas dans un conflit conscient-inconscient mais
dans un but d’adaptation erroné. "La guérison ne peut se réaliser qu’en
faisant appel à l’intelligence, en rendant le malade conscient de son erreur et
en développant son sentiment de communauté" ("Le sens de la vie").
La Psychologie individuelle et comparée est une science et comme
toute science, il est possible d’en mésuser. Jeter, maladroitement, à la figure
d’un sujet, lui montrer, son manque de sens de la communauté, son égocentrisme,
c’est augmenter son complexe d’infériorité, où exciter son complexe de
supériorité, c’est diminuer ses possibilités de collaboration en intensifiant,
à juste titre, sa résistance, c’est accroître ses mécanismes de défense, lui
barrer le chemin de la guérison et par suite nuire à la diffusion de la
psychologie adlérienne. Alors, face à un sujet en difficulté la thérapie va
consister à lui faire comprendre, qu’il est surtout axé sur lui-même, à lui
faire trouver la relation entre le facteur déclenchant et l’apparition de ses
troubles, mais cela sans le lui dire, en respectant, très strictement, la
devise qui doit être celle de tout psychologue : "D’abord ne pas
nuire".
Par suite, il est clair que la thérapie adlérienne est alors un
art que chaque thérapeute doit exercer, avec sa propre sensibilité, sa propre
aperception tendancieuse et ses propres forces certes, mais dans le plus grand
respect du patient. C’est à chacun de développer son savoir faire. Adler décrit
de très nombreux cas cliniques et leur traitement mais ne peut donner de
recettes toutes faites. Il en est de même de son disciple et continuateur, le
docteur Herbert Schaffer célèbre pour sa compétence et l’efficacité de ses
thérapies et à qui l’on doit la plus grande partie des traductions en français
d’ouvrages d’A.Adler. Son livre "La Psychologie d’Adler"(1976)
constitue la référence pour les psychopédagogues, les psychothérapeutes
français, voire étrangers. Dans ce livre ainsi que dans "Herbert Schaffer
disciple et continuateur d’Alfred Adler", (1973) l’auteur décrit, en
donnant des détails précieux, le principe du déroulement d’une cure. Cette
dernière comporte schématiquement 5 phases résumées ci-dessous :
-1ère phase. C’est la prise de contact. Elle est très importante. Il est demandé au sujet d’exposer ses motif