LES
PHÉNOMÈNES PSYCHOSOMATIQUES
Olivier
Coron
Psychologue
Clinicien
Conférence donnée en janvier 1999 à Gap (Hautes-Alpes)
Il y
a une idée un peut toute faite, qui consiste à penser que les psychologues
voient du psy partout ! On disait de Freud qu'il mettait du sexuel à toutes les
sauces et d'ailleurs l'idée que certains ont de la psychanalyse, c'est que
"tout serait sexuel", une connerie quoi.
Alors les psychologues qui voient du psy partout, ne sont pas trop éloignés
d'un phénomène qui n'est tout de même pas une simple rumeur, je veux parler
du "psychologisme", ce qui n'est pas une spécialité des
psychanalystes, hélas ! Le psychologisme, cela consiste entre autre chose à
donner un sens psy à tous les phénomènes, je vais vous raconter une petite
histoire qui va bien illustrer le phénomène : il y a quelques années, j'étais
en stage de psychologie dans un hôpital psychiatrique. Dans ce service, il y
avait ce qu'on appelle des "réunions communautaires", ce sont des réunions
- comme leur nom l'indique - qui sont faites avec l'ensemble du pavillon : les
malades mentaux, les soignants, les femmes de ménage, les secrétaires etc...
c'est ce qu'on appelle "la psychothérapie institutionnelle", bref, ce
jour là, il y avait pas mal d'ambiance et un des malades s'est levé et a quitté
la réunion. Un des membres de l'équipe a alors fait remarqué qu'il avait
oublié sa veste et chacun s'y est mis de son explication psy, du genre "si
il a laissé sa veste c'est qu'il hésitait à partir", ou bien plus
profond "en laissant sa veste, il a laissé une partie de lui même",
j'en passe et des meilleures.
Le problème, c'est que ce n'était pas sa veste !
En fait, la question n'est pas seulement celle du psychologisme, mais plutôt la
tendance à donner du sens et cela ne date pas de Freud, loin de là, chacun y
va de sa théorie pour expliquer telle ou telle chose, ceux qui vont le plus
loin, et nous pouvons leur tirer un coup de chapeau, ce sont les paranoïaques,
eux voient du sens partout, du sens qui les concerne généralement. Un de mes
regretté professeur, Marcel Thaon, nous racontait qu'un de ses patient, selon
que la prise électrique de la lampe du cabinet de son psy, était branchée ou
pas, considérait que son thérapeute était disposé ou non à son égard. Au
quotidien, les choses sont moins impressionnantes mais presque aussi folles, pas
plus tard que la semaine dernière, une personne s'est mise à raconter un rêve,
une histoire avec des peintures, ce n'était pas dans mon bureau parce que dans
mon bureau je la ferme. Donc elle parle de ce rêve qui lui paraissait bizarre,
bref, qui lui posait question comme on dit. A ce moment là intervient une
personne qui annonce : "je sais pourquoi tu as fais ce rêve, c'est parce
que hier on a parlé des tableaux !".
Ouf ! On avait faillit s'interroger, mais c'est vrai, pourquoi avait elle rêvé
de peintures ? Zorro est arrivé avec une belle interprétation - qui, vous vous
en doutez, repose sur une théorie, celle des rêves de réminiscence - et qui
avait pour vocation de balayer ce doute. Bref, après ça on avait plus qu'à la
fermer et c'est ce qu'on a fait d'ailleurs.
Le doute, on l'entend souvent dans la bouche des malades frappés, c'est le mot,
par une maladie, le cancer par exemple. Et la plupart de ces sujets qui prennent
de plein fouet cette découverte vont y donner du sens : on entend parler du
nuage de Tchernobyl mais plus souvent on nous parle d'un événement personnel,
(un deuil, des conflits familiaux, un échec), un événement donc qui pour le
sujet est cause de la maladie. Ce n'est tout de même pas rien de considérer
qu'une relation difficile avec un mari, une soeur etc. qui est parfois vieille
de 10 ans, voire plus, ai pu entraîner une maladie ! Il y a quelques jours
encore, une vieille dame tenait l'explication de son cancer au ventre : il est
apparu le jour de l'enterrement de sa fille, une douleur très forte l'a frappé
ce jour là, les médecins découvriront un cancer deux ans plus tard.
Parfois, il m'arrive aussi de recevoir des demandes qui s'inscrivent bien dans
cette question des maladies psychosomatiques : "Je viens parce que j'ai eut
un cancer, il m'est arrivé depuis un événement très grave et j'ai peur de
faire une récidive" etc...
Il est arrivé qu'on me demande de valider qu'un ulcère gastrique est d'origine
psychologique, ou bien que les douleurs d'un malade sont psychiques avant d'être
physiques... soit dit en passant, si la question de la validité des théories
psychosomatique est toujours d'actualité, il y a un phénomène dont on est sur
qu'il existe, c'est le somato-psychique, c'est à dire l'influence que les maux
physiques ont sur l'équilibre psychologique d'un sujet, il est clair par
exemple, qu'une douleur insuffisamment calmée a des répercutions sur la vie
psychique d'un sujet.
Alors on pourrait se poser la question suivante : les théories actuelles qui
font l'hypothèse d'une incidence du psychique sur le corps expliquent t-elles
cette facilité à attribuer une causalité psychique à un phénomène
somatique ?
Il semble que non parce que ces théories ne sont pas récentes, deux siècles
avant J.C, Gallien mentionnait que les femmes mélancoliques avaient une prédisposition
au cancer du sein. Pour autant, ce n'est qu'au siècle dernier qu'on a vu se développer
l'idée selon laquelle la dynamique psychique d'un sujet pouvait avoir des
effets sur son corps, le mot, psychosomatique, est inventé par un psychiatre
Autrichien, Heinroth, en 1818, qui fait l'hypothèse que "les passions
sexuelles ont une influence sur la tuberculose, l'épilepsie et le cancer".
Alors plutôt que d'aborder la question de la maladie du coté de l'organe
malade, nous allons aborder cette question du coté du sujet, c'est à dire du
coté de la plainte. Pourquoi ? Parce que si nous voulons nous interroger sur la
causalité psychique des maladies, nous devons bien sur introduire le sujet ! Ou
alors nous allons faire une liste des maladies qui seraient psychosomatiques et
celle qui ne le seraient pas, une connerie quoi, une position administrative.
Et pour rester sur ce genre de discours, autant balayer dès à présent une
notion à la mode, c'est celle de "stress", vous voyez, je n'ai pas
dit "cette théorie", parce que vraiment ce terme là c'est tout sauf
une théorie, c'est un fourre tout bien commode, un truc ou l'on met tout ce qui
nous permet de ne plus nous poser de question, d'ou son succès.
Le "stress" nous pouvons en donner une définition, c'est celle de
Seyle, un Américain qui a popularisé ce mot, le stress, ce serait la réaction
non spécifique d'un organisme en réponse aux stimuli provenant d'un
environnement perturbant, l'exagération de ces réponses serait pathogène et
pourrait entraîner certaines maladies. La liste est longue : cela va de
"l'ulcère de stress", certains diabètes, le cholestérol, la sclérose
en plaque, en passant par la baisse des défenses immunitaires qui pourrait
favoriser l'apparition du cancer
ou
la progression du virus du Sida chez un sujet déjà infecté ; les expérimentations
animales auraient pour fonction de valider de telles hypothèses : une souris à
laquelle on a injecté une substance cancérigène puis soumise à des chocs électriques,
selon qu'elle peut ou pas trouver des échappatoires à ces chocs, aura plus de
chance de développer ou pas un cancer ! Ces expérimentations initiées en
France par H. Laborit, ont été mise à l'écran dans le film "Mon oncle
d'Amérique" ou Roger Pierre tenait le rôle de la souris.
Le défaut majeur de cette théorie c'est que du Sujet, elle n'en
n'a rien à foutre ! Parce que le rapport qu'entretien un sujet à l'Autre, ce
rapport qui est déterminé par son histoire individuelle, (nous ne sommes pas
des souris), n'est tout de même pas sans effet sur sa façon d'appréhender des
événements comme un conflit avec son voisin, l'ambiance au boulot etc... les
échelles de stress de certains événement (un deuil, un licenciement...) n'ont
aucun sens, les effets qu'un événement peut avoir sur un sujet dépendent du
sujet lui même ! Pourquoi tel événement va déstabiliser cet individu et pas
celui ci ? Voilà une question de fond pour laquelle cette notion n'apporte pas
de réponse, ici ne sommes pas loin des théories comportementales qui
qualifient le cerveau de "boite noire" et donc qui ne s'occupent pas
de ce qui s'y passe. Un physiologiste Américain, Engel déclarait en 1985 que
"dans le domaine du laboratoire comme dans les études cliniques, le terme
de stress n'a été d'aucune utilité, ce terme semble plus entraver que
faciliter la communication, tout à la fois entre les scientifiques, et entre
l'investigateur et le malade"
Pour aborder cette difficile question du rapport du sujet à son
corps, des mécanismes psychiques qui pourraient conduire au dysfonctionnement
du corps, nous allons commencer par un phénomène rendu célèbre grâce à la
psychanalyse, c'est l'hystérie de conversion. Le mot hystérie vient de
l'antiquité grecque ou l'on se représentait l'hystérie comme une maladie utérine
d'origine plus ou moins sexuelle, le traitement qui en découlait était... le
mariage ! Ca fait rigoler mais l'expérience nous montre que cela fait encore
partie des conseils qui sont donnés parfois, 2500 ans plus tard. La conversion
hystérique a ceci de particulier que le sujet présente un dysfonctionnement au
niveau du corps, alors que les examens somatiques ne révèlent rien du tout. On
retrouve ce phénomène dans l'hypocondrie qui est un délire orienté autour
des organes, le sujet craint pour ses organes qui ne révèlent rien aux
examens, mais il n'y a pas, à la différence de l'hystérie, de
dysfonctionnement du corps. Freud est venu en France, à Lyon, en 1885, pour
suivre l'enseignement de Charcot, un psychiatre Français qui pratiquait
l'hypnose mais qui pensait que l'hystérie avait une origine organique. Qu'est
ce que l'hypnose nous enseigne ? Elle nous enseigne qu'il est possible d'agir
sur le corps par la parole, c'est une des fonctions possibles de l'injonction
hypnotique. Charcot hypnotisait une patiente, lui formulait une injonction, et
à son réveil et à l'insu de son plein gré, elle se révélait incapable de
s'asseoir, présentait des contractures d'un membre etc... dès lors, preuve était
faite pour Freud que le psychique pouvait agir sur le corps. Les phénomènes de
conversion se font à l'insu du sujet, il en souffre, cela n'a rien à voir avec
une manipulation consciente. La conversion met en scène au niveau du corps un
conflit psychique inconscient, le terme même de "conversion" signifie
le passage dans le corps d'un conflit psychique. Dans la conversion, le corps
sert de métaphore pour mettre en scène quelque chose d'inconscient. Pour vous
citer quelques exemples de conversion, je ferait référence à Freud qui notait
il y a plus de 100 ans, avec la finesse qui le caractérise, que les paralysies
hystériques, qui ressemblent aux paralysies organiques, on quelque chose de
particulier, c'est qu'elles ignorent l'anatomie du système nerveux, l'hystérique,
écrit Freud (en français), prend les organes dans le sens vulgaire, populaire
du nom qu'il porte : la jambe est une jambe jusqu'à la hanche, idem pour le
bras. Nous pouvons prendre à titre d'exemple le cas suivant tiré de Freud :
"Une jeune fille avait récemment perdu un père tendrement aimé après
avoir aidé à le soigner. Sa soeur aîné s'étant mariée, elle se prit d'une
très vive affection pour son beau-frère, affection qui passa, du reste, pour
une simple intimité comme on en rencontre entre membres d'une même famille.
Mais bientôt cette sœur tomba malade et mourut. Lorsque la jeune fille arriva
au chevet de sa sœur morte, en elle émergea, pour une seconde, une idée qui
pouvait s'exprimer ainsi : maintenant qu'il est libre, il peut m'épouser. Il
est certain que cette idée, qui révélait à la conscience de la jeune fille
l'amour intense qu'elle éprouvait, sans le savoir, pour son beau-frère, la révolta
et fut immédiatement refoulée. La jeune fille tomba malade à son tour, présenta
de graves symptômes hystériques, et lorsque je la pris en traitement, il
apparut qu'elle avait radicalement oublié cette scène au lit de mort de sa sœur
et le mouvement haïssable et égoïste qui s'était emparé d'elle. Elle s'en
souvint dans le traitement, reproduisit cet incident avec les signes de la plus
violente émotion, et le traitement la guérit". Au quotidien de notre
pratique clinique, les choses ont un peu changées, si nous rencontrons encore
des personnes atteinte de paralysie des jambes, c'est tout de même plus rares.
Même si parfois, à la fin de certaines séances, des patients peuvent se
retrouver les jambes coupés, incapable d'avancer. Parmi les conversions les
plus banales on peut évoquer les picotements, les crises dites "de tétanie",
les douleurs à l'abdomen, les diarrhée dites "motrices" etc. En
fait, on ne peut pas faire de liste de troubles qui seraient typiquement des
conversions hystériques, Freud parle de "choix d'organe", mais ce
choix appartient à l'histoire intime du sujet. Pour finir là dessus, la
conversion hystérique n'est pas le propre des hystériques, dans un article
intitulé "L'homme aux loups", Freud évoque un patient obsessionnel
qui présentait une constipation qualifiée par Freud de "trait d'hystérie
de conversion". Vous voyez, déjà là on a un problème, il est courant
d'entendre parler de phénomènes psychosomatiques dans le sens d'une
implication du psychisme sur le corps; en psychanalyse, on distingue le phénomène
hystérique du phénomène psychosomatique : dans le premier il n'y a pas
d'atteinte réelle du corps alors que dans l'autre le corps est réellement lésé.
Les théories psychosomatiques reposent donc sur l'hypothèse que le psychisme
pourrait agir sur le biologique et cette théorie est tellement entrée dans le
discours ambiant qu'on se demande comment on pourrait encore la remettre en
question.
Plusieurs études ont tentée de vérifier si il était
effectivement possible que le psychisme agisse sur le biologique. A ce propos,
on peut citer une histoire un peu terrible qui a duré jusque dans les années
80: l'un des arguments donnés pour justifier que les maladies du corps
pouvaient avoir une origine psychique, c'était la psychose. L'expérience de la
vie quotidienne avec les psychotiques révèle parfois chez certains schizophrènes
des phénomènes somatiques très particulier : certains restent très couvert
en été et ne transpirent pas, d'autres en sandales dans la neige et
n'attrapent pas froid etc.. Parmi les arguments qui vont dans le sens d'une
influence du psychisme sur la biologie du corps, on peut aussi citer une expérience
sous hypnose de 1959 qui aurait conduit, à la disparition de verrues sur la
moitié du corps de 9 sujets sur 10 (l'injonction s'est faite pour la moitié du
corps afin de vérifier si elle était véritablement la cause), on peut aussi
parler du placebo qui se révèle parfois aussi efficace que les médicaments
reconnus actifs. Les psychanalystes publient des cas de personnes souffrant de
pathologies organiques comme l'asthme, la maladie de Crohn, l'épilepsie
ou
la stérilité et qui ont vu leurs maladies disparaître dans le cadre de
l'analyse. Toute la question est de savoir si il existe réellement un lien
entre l'analyse et la disparition des maladies et si un cas individuel peut être
généralisé. Depuis Groddeck, qui fut au début du siècle l'un des tout
premier à essayer de formaliser cette idée, on trouve dans la littérature
psychanalytique plusieurs théories qui tentent d'une part de prouver que c'est
possible et d'autre part d'expliquer pourquoi cela arrive. On peut ranger ces
discours en deux groupes très distincts : le premier groupe applique la théorie
Freudienne de la conversion hystérique aux phénomènes psychosomatique, c'est
à dire qu'ils affirment qu'un conflit psychique inconscient - c'est à dire
refoulé - peut endommager l'organisme. Et le second groupe fait l'hypothèse
d'une "carence psychique" qui aurait des répercussions somatiques.
Dans le premier groupe on retrouve encore l'idée d'un choix d'organe, donc
d'une dimension symbolique de l'organe lésé et pas dans le second groupe. Les
premiers psychanalystes à travailler sur les phénomènes psycho-somatiques
appartiennent plus au premier groupe, Groddeck écrit par exemple que "Le médecin
fera bien, dans des cas de fièvre, de se rappeler que le voeu du ça
(l'inconscient) de figurer symboliquement une trop grande chaleur interne, des
sentiments trop brûlants y jouent un rôle". Reich, un disciple de Freud
qui a mal tourné, dira à propos du cancer à la bouche de Freud : "Freud
était malheureux en ménage (...), je ne pense pas que ça vie ait été très
heureuse (...), tout indique qu'il était insatisfait sur le plan génital.
C'est ce qui ressort aussi bien de sa résignation que de son cancer". Plus
récemment, on peut citer Mc Dougall, qui semble bien montrer dans quelques cas
cliniques, la place que les fantasmes refoulés peuvent avoir dans la
somatisation. A titre d'exemple, citons Jean-Paul qui présente un ulcère
gastrique ainsi qu'un scotome (trouble de la vue), durant une séance il évoque
une femme qu'il nomme "la jeune mère fragile" avec qui il a des
relations professionnelles :
"J.P : Je suis obnubilé par ses seins et sa fragilité. (Il s'arrête
brusquement). Tiens, j'ai perdu ma pensée... il y a comme un vide. Vraiment je
suis devant un mur. Holà, le scotome est revenu ! Merde alors, cette plage
aveugle et toujours à l'oeil droit !
Mc Dougall : A quoi pensiez vous juste avant d'être "devant le mur"
? Avant la réapparition du scotome ?
J.P
: Je ne sais même plus de quoi je parlais.
Mc Dougall : la jeune mère fragile...
J.P
: Oh là là ! Si je me laisse aller à penser à n'importe quoi avec elle... Je
suis en train de la déshabiller, de mordre ses seins, de la baiser comme un
dingue, de l'enculer, de manger sa merde... Vous voyez bien, avec votre système
de dire ce qui vient à l'esprit, je deviendrai fou. Tiens ! Le scotome a
disparu !".
L'autre hypothèse théorique qui a acquit une certaine notoriété
c'est l'alexithymie,
c'est à dire l'incapacité pour les patients d'associer des images visuelles,
des fantasmes, des pensées, de nommer leurs sentiments et de les utiliser.
Pierre Marty appelle cela la cécité émotionnelle; ce qui est effectivement très
éloigné de ce que l'on peut voir dans l'hystérie. Selon Marty, il y aurait
donc un fonctionnement psychique particulier qui prédisposerait à la
somatisation et l'organe lésé ne le serait pas par rapport à une
signification symbolique (comme dans l'hystérie). Pierre Marty, a crée un
institut de psychosomatique à Paris dans lequel il tente de valider l'existence
des phénomènes psycho-somatiques , de les théoriser et de soigner les
patients qui ont ce genre de problèmes.
Pour valider de façon scientifique la théorie de l'alexithymie,
(mais aussi l'idée même des phénomènes psychosomatiques), il réalisa en
1988 une recherche avec l'aide de cancérologues autour du cancer du sein chez
des patientes francophones, âgées de 35 à 65 ans et qui présentaient une
tumeur palpable dont elles ne connaissaient pas la nature. 66 personnes au
total furent interrogées par des psychosomaticiens avant que l'on sache si
leurs tumeurs étaient ou non cancéreuses, au final ce fut le cas pour 18
sujets.
Les entretiens (qui étaient appelés "investigation
psychosomatique") avaient pour but de repérer la structure mentale des
sujets, et nottament les capacités de mentalisation. Les résultats de ces
entretiens comparés aux résultats des examens biologiques furent les suivants
:
- Bonne mentalisation : 15 cas / 0 cas de cancer
-
Mentalisation incertaine : 37 cas / 13 cas de cancer (35%)
-
- Mauvaise
mentalisation : 14 cas / 4 cas de cancer (31%)
-
- Psychose : 1
cas / 1 cas de cancer (100%)
-
L'enquête semble déjà montrer deux choses :
-
- l'absence de
cancer dans les cas de bonne mentalisation
-
- 1/3 de cas
de cancer lorsque le fonctionnement mental parait altéré
Statistiquement, l'enquête semble aussi révéler que les personnes souffrant
d'angoisses diffuses, de deuils non résolus et de moi idéal prédominant (démesure,
exigence rigide vis à vis de soi même et des autres) se trouvaient plus dans
le groupe "cancer" que dans l'autre groupe.
- angoisse diffuse : 28 cas dont 11 cas de cancer (39%)
-
deuils anciens non élaborés : 6 cas dont 5 cas de cancer (83%)
-
- deuils récents
non élaborés : 8 cas dont 6 cas de cancer (75%)
-
- moi idéal
prédominant : 9 cas dont 5 cas de cancer (56%)
La critique qui a été faite de cette enquête est relativement simple, elle
consiste à faire remarquer que l'on n'a pas prit en compte un point qui n'est
pas sans effet sur l'état psychologique d'une personne : la taille de la tumeur
au sein ! Il est probable en effet qu'une femme ayant une grosse tumeur soit
plus parasitée par cette découverte et se présente différemment durant
l'entretien psychologique. Reste à savoir si cela explique tout les cas recensés
dans cette enquête. D'une manière générale, on peut d'ailleurs se demander
si l'alexithymie
est une cause ou une conséquence de la maladie et là nous nous retrouvons avec
le somatopsychique dont j'ai déjà parlé.
Un autre psychanalyste, Lacanien celui ci, Jean Guir,
s’est beaucoup intéressé aux phénomènes psycho-somatiques, il a tenté
d’établir lui aussi un « profil » type du malade psychosomatique
mais sa théorie diffère de celle de Marty, alors que Marty cherche la faille
dans la personnalité, Guir propose une explication historique de l’apparition
des phénomènes psychosomatiques. Selon Guir : « La lésion
psychosomatique est un poinçon corporel de l’histoire familiale ».
L’histoire
des patients révèle une dynamique en 3 temps :
- Une séparation brutale
d’avec un être cher dans l’enfance
-
Cette séparation se répète symboliquement dans le présent du sujet
-
Moins d’un
an après la lésion apparaît
Guir s’intéresse donc beaucoup à la lignée familiale,
arbre généalogique, dates de naissance, de décès, nom des ancêtres etc...
Il cite plusieurs exemples de ce qu’il appelle des « signifiants dataux »,
c’est à dire qu’il tente de montrer qu’il existe dans certains cas une
analogie entre deux dates : « Dans des cas de recto-colites ulcéro-hémorragiques
d’adultes, (...) l’éclatement du phénomène psychosomatique se produisait
lorsque l’enfant aîné du sujet atteignait un âge identique à celui du
patient lorsqu’il subît sa première séparation.
Cet auteur cite le cas clinique d’une petite fille, Marion, atteinte d’une
recto-colite ulcéro-hémorragique. Les très nombreux entretiens qu’il a avec
la famille et l’enfant révèlent la dynamique dont je vient de parler :
1er temps : séparation de Marion d’avec
la grand-mère maternelle à l’âge de 2 mois ½. Cette grand mère a vécu
longtemps dans les colonies, elle était très patriote.
2e temps : Marion est confiée en nourrice
pendant le mois d’août alors que sa mère va diriger une colonie de
vacance et ne veut pas s’encombrer de sa fille. Celle ci a maintenant deux ans
et demi.
3e temps : Peu de temps après les diarrhées
apparaissent. Valérie, la psychologique aînée de Marion porte à ce moment là,
l’âge fatidique de 11 ans. Or à la naissance de la mère, l’oncle de
Marion, François, avait 11 ans. Le chiffre 11 est associé à la naissance de
la mère. Selon Guir, Marion s’identifie corporellement à sa grand-mère,
morte d’un cancer à l’intestin, il écrit qu’il existe dans les phénomènes
psychosomatiques « un mimétisme partiel –d’organe à organe- du corps
d’un sujet au corps d’un autre sujet de la famille ».
La critique qu’on peut donner de cette approche, c’est son extrémisme. Guir
prend le contre pied d’un discours médical et propose ce qu’on pourrait
appeler un « psycho-déterminisme radical » puisqu’il va jusqu’à
écrire que les phénomènes psychosomatiques pourraient léser jusqu’au
patrimoine génétique et donc favoriser le déclenchement de cancers. Toute la
question reste de savoir une fois de plus si à trop chercher du sens on ne se
met pas à en voir de partout. Dans le cas de Marion, souvenez vous, il écrit
que « Le chiffre 11 est associé à la naissance de la mère ».
Reste à savoir si cela est apparu au cours des entretiens avec la petite fille
ou si cela est une interprétation de sa part.
Pour terminer là dessus, on pourra citer Michel Sapir, un psychanalyste qui
s’intéresse beaucoup à cette question et qui a mit – me semble t-il –
beaucoup d’eau dans son vin par rapport aux phénomènes psychosomatiques :
« Même la pensée opératoire qui a donné lieu à tant de recherches va
contre cette assertion. Il y a des gens qui ont une pensée opératoire et ne
sont pas malades et des hystériques qui vont développer un cancer »
Une autre dimension et pas des moindres, conduit au dysfonctionnement du corps :
c’est le réel. Ce terme, sous la plume de Lacan, désigne ce qu’il appelle
« l’impossible ». Le réel c’est ce qui n’est pas représentable...
d’ou la difficulté d’en parler. L’exemple de réel comme impossible pour
lequel on trouve beaucoup d’exemples, c’est le réel de la différence des
sexes. La différence des sexes c’est quelque chose de très compliqué pour
l’être humain, si on écoute un peu les enfants, vers 5/6 ans, on découvre
qu’ils se fabriquent à l’école primaire des théories très éloignées de
celle que les parents peuvent raconter : la fille aurait un pénis mais
invisible, ou alors il va pousser etc... c’est tellement compliqué que
pendant longtemps les parents racontaient des histoires à dormir debout qu’on
pourrait qualifier de « hors-sexe » : les choux et les roses.
Chez les adultes c’est pas plus simple, il s’agit de
cacher, de ne pas tout voir (c’est toute l’histoire de l’érotisme) et la
vie privée de chaque couple révèle bien souvent ce qu’on appelle des
« traits de perversion », c’est à dire des bricolages pour en
quelque sorte « aller voir ailleurs », cela peut être le jeu sur le
clair-obscur dans la chambre, le jeu autour de la lingerie, quand ce n’est pas
le choix d’un partenaire qui repose sur une partie du corps (gros seins
etc...) vous voyez que le réel de la différence des sexes ce n’est pas
simple, comme à un autre niveau celui de la mort qui conduit à une tentative
humaine de symboliser tout ça avec des cérémonies, c’est à dire d’en
faire quelque chose de mentalisable, une tentative d’appréhender
l’impossible.
Hé bien en ce qui concerne notre corps c’est la même
chose, tant que tout va bien, les choses tiennent plus ou moins la route, mais
pour peu que le sujet se découvre atteint par une grave maladie qui met en jeu
son existence, il se retrouve face à quelque chose d’impossible à appréhender.
Il suffit d’écouter les malades à qui on a annoncé un cancer :
« je comprend bien ce que le Dc m’a dit mais en même temps je
n’arrive pas à y croire ».
Cette dimension du réel du corps, nous ne pouvons pas en faire l’impasse :
il existe toute une dimension qui échappe au sujet. Pour autant, que ça lui échappe
c’est un fait, mais que fait-il de ce qui lui échappe ? Que fait le
sujet avec cet impossible ?
Parfois, il cherche à tenter de le maîtriser, c’est tout
le succès de la méthode de Simonton sur la visualisation positive de
l’organisme face aux développement des cellules cancéreuses par exemple.
Parfois, il tente d’en donner du sens, d’expliquer le
pourquoi de sa maladie ; un cancérologue disait que l’explicable est vécu
comme réversible et le réversible comme curable. Ce phénomène, j’en ai la
certitude, ne date pas d’aujourd’hui, mais c’est vrai qu’à l’heure
actuelle, l’explication psychosomatique est souvent entendue.
Le livre d’un jeune Suisse de 30 ans, Fritz Zorn, intitulé
« Mars », s’inscrit bien dans cette dynamique interprétative :
Zorn est atteint par de très nombreuses maladies et possède une certitude sur
l’origine psychosomatique de ses problèmes qu’il lie à une enfance
difficile, il écrit par exemple : « Avec ce que j’ai reçu de ma
famille au cours de ma peu réjouissante existence, la chose la plus
intelligente que j’aie jamais faite, c’est d’attraper le cancer ».
Cet ouvrage est souvent utilisé comme argument de la validité des phénomènes
psychosomatiques, des psychanalystes comme Sami-Ali ou Jean Guir.
Pourtant lorsqu’on reçoit un malade qui vous affirme
qu’il sait pourquoi il est atteint par cette maladie là, sa position d’être
aux premières loges ne valide en rien ce qu’il est en train de nous raconter.
Qu’une dame atteinte d’un cancer du sein ait la conviction que sa maladie
soit l’expression de sa souffrance qui fait suite à la perte d’un enfant,
c’est quelque chose à entendre, mais que cela soit à prendre au pied de la
lettre c’est autre chose !
A ce propos, cette généralisation de l’interprétation psychosomatique a
conduit Pierre Darmon, qui a publié récemment un livre sur le cancer à parler
« d’hallucination collective ».
Ce que nous révèle l’interprétation psychosomatique qu’un malade peut
faire de sa maladie, c’est que la maladie, la grave maladie, réactive des
souffrances passées, des conflits, des douleurs qu’on croyaient cicatrisées
et qui s’ouvrent à nouveau. L’atteinte du corps qui engage un pronostic
vital se pose pour un sujet comme une question (pourquoi moi ?). La réponse
à cette question, c’est autour d’une autre question qu’il va souvent la
trouver : pourquoi ma femme m’a quitté ? Pourquoi mon fils est mort
avant moi ? etc. mais cette question là n’est pas nouvelle, elle est révélée
par la maladie.
Alors, quel enseignement peut-on tirer de tout cela ? Tout d’abord que la
dualité corps/esprit n’a pas de sens, ce dont nous pouvons parler c’est du
corps traversé par le langage. L’expérience de l’effet placebo (ou nocebo),
les répercutions que peuvent avoir de douces paroles sur un corps, l’hypnose,
l’importance que peut avoir le nom d’un médicament dans son efficacité, la
conversion hystérique, la symbolique humaine portée sur l’anatomie des
sujets sont là pour nous signifier que nous devons différencier l’organisme
du corps, c’est à dire qu’il existe un au-delà du corps.
Que l’organe puisse intéresser la médecine indépendamment du sujet, c’est
une banalité, les radiographies et autres examens mettent en scène du
biologique, mais chez ce que Lacan appelait « le parlêtre », l’être
de parole, il n’y a pas que ça. Au delà de la question de la conversion hystérique
ou des phénomènes psycho-somatiques, si un « je t’aime » peut
faire rougir, trembler ou pleurer, on voit mal pourquoi le sujet dans son
rapport à l’Autre ne pourrait pas être atteint plus profondément dans son
corps.
Alors qu’est ce que le psychologique peut faire avec ces effets somatiques du
quotidien ? La baisse de « moral », la fatigue... si ce n’est
les interroger ? C’est à dire interroger non pas le corps mais le sujet
dont le symptôme physique est la métaphore d’une souffrance psychique. Je
vais vous citer, pour le plaisir, l’extrait d’une lettre écrite par Freud
à l’un de ses disciple, Ferenczi : « J’ai fumé hier mon dernier
cigare ; j’ai des palpitations et la douloureuse enflure du palais que
j’ai observée depuis mes jours de privation s’est aggravée. Ensuite un
client m’a apporté cinquante cigares. Après en avoir allumé un, je suis
devenu gai, et mon enflure a disparu. Je n’aurai pas cru que ça pût être
aussi frappant, tout à fait à la Groddeck ! ».
Le risque, j’espère que vous l’avez perçu (et je vous
avais mis en garde), c’est celui de l’interprétation après-coup, celle de
Zorn ou des psychologique qui s’intéresse à cette question. Autant sur la
question des problèmes somatiques sans cause organique les choses sont bien repérables,
(et Freud disait à propos de l’hystérie de conversion que l’interprétation
s’avérait exacte si les symptômes disparaissaient), autant dans les phénomènes
psycho-somatiques c’est plus compliqué. La méfiance qui me caractérise me
conduit à penser qu’il n’existe pas de maladies organiques qui seraient
purement psychosomatiques et que si le psychisme peut endommager le biologique,
c’est peut être en s’engouffrant dans des espaces déjà défaillant, pour
autant nous avons à entendre aussi une souffrance clairement exprimée :
celle du malade au prise avec le réel de son corps.
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L’ALEXITHYMIE
L’alexithymie est une entité
transnosographique. En effet, elle a été décrite au cours d’addictions,
d’affections psychosomatiques, neurologiques, dépressives, anxieuses, lors de
troubles des conduites alimentaires et, même, dans la population générale.
Les schizophrènes en phase de stabilité clinique et thérapeutique se caractérisent
par la présence d’un émoussement affectif et d’une pauvreté du discours
et/ou de son contenu : on peut donc s’attendre à une anomalie des scores d’alexithymie.
Ce travail avait 2 objectifs : d’une part, établir des liens entre l’alexithymie
et les symptômes de la schizophrénie et, d’autre part, évaluer l’intensité
de ces symptômes chez des schizophrènes négatifs comparativement à des
schizophrènes positifs et indifférenciés classés selon la typologie de la
PANSS. Les résultats de cette étude ont montré des liens entre, d’une part,
l’alexithymie évaluée par le BIQ et, d’autre part, l’émoussement
affectif, la pauvreté du discours, le ralentissement dépressif et l’anxiété.
Ces symptômes étaient plus intenses chez les schizophrènes négatifs.
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Extrait: - La limitation de la vie imaginaire. - La tendance à recourir à l'action pour éviter
et résoudre les conflits. |
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Texte: «En
Occident, l'esprit a désanimé le corps, tandis qu'en Orient, il a désomatisé
l'âme.» (Klages) Siècle idéal pour le développement de l'alexithymie (du grec a,
privatif, lexis, mot, et thymos, émotion), qui désigne à
la fois l'incapacité de faire correspondre des mots à des émotions, et
divers autres traits qui y sont associés. Celui qui a cru nécessaire de
créer ce mot, le professeur Sifneos, de l'Université Harvard, n'hésitait
pas à présenter l'alexithymique comme la personnalité de notre temps,
indiquant par là que l'ensemble des traits définissant l'alexythimie
correspondait «au profil social courant des individus». L'idéal
correspondant à ce profil a été bien défini par divers savants
appartenant aux disciplines les plus représentatives de notre époque:
l'intelligence artificielle et la biotechnologie. Pour Marvin
Minsky, l'un des grands prêtres de l'IA, le cerveau humain
n'est rien d'autre qu'un meat machine, le corps quant à lui n'est
qu'une masse sanguinolante de matière organique, un téléopérateur pour
le cerveau, l'un et l'autre pouvant être avantageusement remplacés par
des machines. L'important dans les êtres vivants, c'est l'esprit. Et cet
esprit, Minsky le définit en termes de structures et de routines, c'est-à-dire
de programmation. «L'essentiel, conclut-il, est de dépersonnaliser notre
intérieur.» (Cité
par David F. Noble, in The religion of Technology, New York, Knopf,
1997, p. 156.) 2. La limitation de la vie imaginaire. 3. La tendance à recourir à l'action pour
éviter et résoudre les conflits. |
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Source imprimée: |
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Jacques Dufresne, Après
l'homme... le cyborg, Éditions Multimondes, Québec 1999. |
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Qu'est-ce que l'alexithymie ?
L'alexithymie est un néologisme proposé en 1972
pour désigner l'incapacité à trouver des mots pour exprimer ses émotions ou
sentiments. Une des questions encore en suspens concerne la signification de ce
symptôme. Il a été proposé de distinguer l'alexithymie secondaire observée
notamment dans les troubles dépressifs et l'alexithymie primaire pouvant
constituer un trait stable caractérisant soit des affections psychosomatiques,
soit des personnalités. Dans cette dernière éventualité, on ne sait pas quel
est le risque psychopathologique ou somatique pour les sujets. Pour tenter de préciser
ce risque, une méthode consiste à étudier les relations entre l'alexithymie
et d'autres variables psychologiques telles que la dépendance affective exagérée
dont le caractère prédisposant à des troubles somatiques ou
psychopathologiques est bien étayé. C'est ce qui a été fait chez 144 étudiants
où une corrélation significative a été trouvée entre la sous-échelle
« manque de confiance en soi sur le plan social » de l'IDI
(inventaire de dépendance interpersonnelle d'Hirschfeld) et le facteur
« émotions » de la TAS-20 (échelle d'alexithymie de Toronto à 20 items).
Cette corrélation restait significative quand l'influence potentielle de la dépression
était contrôlée. Autrement dit, indépendamment de la dépression,
alexithymie et dépendance affective sont associées : plus un sujet est dépendant
à l'égard des autres, plus il a tendance à être alexithymique.
(Source : Ann Méd Psychol, O. Otmani et al.
1999 ; 157:48-50).
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Alexithymie
Incapacité de pouvoir exprimer ses émotions. Le terme d’alexithymie apparu
aux Etats-Unis vers 1973 (P. E. Sifneos), s’applique à la description de la
personnalité de certains malades psychosomatiques se caractérisant par une
grande difficulté à verbaliser leurs sentiments et émotions, une vie
fantasmatique particulièrement pauvre et une activité de pensée et de
discours essentiellement orientée vers des préoccupations concrètes. Et
c’est uniquement au travers de leurs plaintes somatiques que de tels patients
peuvent laisser apparaître leur état émotionnel.