Lettre au Professeur N. Perrotti, publiée dans « La scission de 1953 » (Supplément à Ornicar ?), n° 7, 1976 pp. 117-118.

 

(117)Mon cher Ami,

 

Comme le Professeur Lagache vous en a fait part, un certain nombre de nos collègues dont moi-même, se sont séparés de la Société psychanalytique de Paris pour fonder une Société française de psychanalyse. Cette décision a été prise dans l’esprit de nous conformer aux devoirs que nous avons envers nos élèves.

La destination donnée à l’Institut nouvellement fondé par la petite équipe qui l’avait prise en main, ne nous a pas paru pouvoir être approuvée, et les conflits survenus entre la Direction de cet Institut et les élèves, rendaient d’extrême urgence que nous ne laissions pas leurs espoirs à l’abandon, – c’est-à-dire que nous leur assurions l’atmosphère de confiance qu’ils exigeaient pour leur travail.

C’est en effet avec la grande majorité de ceux-ci que nous allons poursuivre notre tâche et c’est eux que vous verrez nous suivre à Rome.

Lagache m’a fait connaître en effet que vous aviez tenu à cœur de maintenir ouverte votre invitation à l’égard de tous ceux qui en étaient depuis l’an dernier l’objet.

Croyez que nous avons tout fait pour éviter qu’un tel conflit éclatât avant une réunion internationale que nous aurions voulu tenir hors du débat. La vérité nous oblige à dire que nous n’avons rencontré qu’indifférence à ce point de vue chez ceux qui nous étaient opposés : nous ne nous en croyons pas moins tenus à vous présenter des excuses au nom de tous.

Vous avez proposé pour la situation nouvelle la solution la plus élégante. Je suis disposé quant à moi à vous donner mon rapport dès la fin du mois d’août, et à le prononcer dans une réunion autonome au Congrès.

Je mettrai à ce rapport tous mes soins et vous savez mieux que personne, par le dialogue qui m’est resté précieux, de notre rencontre à Amsterdam, qu’il est au cœur des problèmes qui me préoccupent le plus et auxquels j’ai donné depuis un grand développement dans mon enseignement.

Beaucoup de nos élèves vont s’inscrire qui avaient retardé jusqu’à présent leur adhésion. C’est pourquoi je pense que vous voudrez bien prolonger pour eux les délais d’inscription.

(118)Nous allons leur demander la même cotisation. Le Dr Fulvia Pontani-Mayer voudra-t-elle bien se mettre en rapport avec M. Didier Anzieu, 7 bis, rue Laromiguière, Paris (5e), Secrétaire de la Société française pour le Congrès de Rome, pour toutes les questions pratiques : telles que distribution conjointe du rapport du Professeur Servadio et du mien, avantages réservés aux congressistes, programme du Congrès, jour de notre réunion (car il faudra bien prolonger le Congrès d’un jour), etc.

Je souhaiterais pour moi que le jour d’ores et déjà prévue pour mon rapport me fût conservé, soit, si j’ai bien compris, le deuxième jour. J’accepterais pourtant ce que vous jugerez le meilleur.

Je ne puis vous quitter sans vous prier de transmettre mes amitiés au Professeur Servadio, et de m’excuser pour mon silence. Dans les heures que nous avons traversées, j’étais peu porté à des épanchements qui n’eussent pu éviter les difficultés en cours. Je vais lui écrire maintenant.

 

Croyez, mon cher Ami, à mon attachement de toujours.

 

J.L.