Des journées d’études sur les psychoses furent organisées à la Maison de la Chimie, à Paris, les 21 et 22 octobre 1967. Jacques Lacan improvisa un discours de clôture (voir 1967-10-22) dont une transcription fut publiée par Recherches, Décembre 1968 Enfance aliénée II. Il ajouta donc à l’occasion de cette publication dans Recherches, une note datée du 26-9-68 dans ce même numéro de Recherches.

(151)Ceci n’est pas un texte, mais une allocution improvisée.

Nul engagement ne pouvant justifier à mes yeux sa transcription mot pour mot que je tiens pour futile, il me faut donc l’excuser.

D’abord de son prétexte : qui fut de feindre une conclusion dont le manque, ordinaire aux Congrès, n’exclut pas leur bienfait dont ce fut le cas ici.

Je m’y prêtai pour rendre hommage à Maud Mannoni : soit à celle qui, par la rare vertu de sa présence, avait su prendre tout ce monde aux rets de sa question.

La fonction de la présence, est, dans ce champ comme partout ; à juger sur sa pertinence.

Elle est certainement à exclure, sauf impudence notoire, de l’opération psychanalytique.

Pour la mise en question de la psychanalyse, voir du psychanalyste lui-même (pris essentiellement), elle joue son rôle à suppléer au manque d’appui théorique.

Je lui donne cours en mes écrits comme polémique, fait d’intermède en des lieux d’interstice, quand je n’ai pas d’autre recours contre l’obtusion qui défie tout discours.

Bien sûr est-elle toujours sensible dans le discours naissant, mais c’est présence qui ne vaut qu’à s’effacer enfin, comme il se voit dans la mathématique.

Il en est une pourtant dans la psychanalyse qui se soude à la théorie : c’est la présence du sexe comme tel, à entendre au sens où l’être parlant le présente comme féminin.

Que veut la femme ?, est, on le sait, l’ignorance où reste Freud jusqu’au terme, dans la chose qu’il a mise au monde.

Ce que femme veut, aussi bien d’être encore au centre aveugle du discours analytique, emporte dans sa conséquence que la femme soit psychanalyste-née (comme on s’en aperçoit à ce que régentent l’analyse les moins analysées des femmes).

Rien de tout cela ne se rapporte au cas présent puisqu’il s’agit de thérapie et d’un concert qui ne s’ordonne à la psychanalyse qu’à le reprendre en théorie.

C’est ici qu’il m’a fallu y suppléer pour tous autres que ceux qui m’entendent, par une sorte de présence qu’il me faut bien dire d’abus…(152)puisqu’elle va de la tristesse qui se motive d’une gaieté rentrée jusqu’à en appeler au sentiment de l’incomplétude là où il faudrait situer celle-ci en logique.

Une telle présence fit, paraît-il, plaisance. Que trace donc reste ici de ce qui porte comme parole, là où l’accord est exclu : l’aphorisme, la confidence, la persuasion, voire le sarcasme.

Une fois de plus, on l’aura vu, j’ai pris l’avantage de ce qu’un langage soit évident où l’on s’obstine à figurer le préverbal.

Quand verra-t-on que ce que je préfère est un discours sans paroles ?